par les Docteurs René FRITSCH et Chantal NOVEL :
Notre mission en Mongolie s’est déroulée sur 4 semaines du 11 septembre au 6 octobre. Pendant le première semaine Chantal Novel était seule, René Fritsch est arrivé ensuite. Chantal est repartie le 25 septembre tandis que le séjour de René s’est prolongé jusqu’au 6 octobre.
Le container de matériel d’ophtalmologie parti depuis août de Bioport-Lyon devait arriver début septembre en Mongolie. Mais des difficultés administratives ont retardé sa prise en charge à Berlin. Le matériel n’est finalement arrivé que le 19 septembre à Oulan Bator. Mais grâce au soutien de l’ambassade de France et du premier consul M. Feydeau qui nous avaient autorisé à adresser ce matériel directement à l’ambassade, nous avons pu récupérer cet important envoi dès le lendemain matin, en évitant toutes les tracasseries douanières habituelles.
Ce retard dans l’arrivée du matériel a modifié l’organisation du séjour de Chantal. Elle a d’abord effectué avec Alain Salmon une mission d’évaluation des besoins à l’hôpital de Tsetserleg dans la région Arkhangay puis elle a travaillé avec René à Oulan Bator à l’hôpital des Chemins de Fer.
Ensuite René est allé quelques jours à Ölgiy, puis à Tsetserleg livrer du matériel et a terminé son séjour à l’hôpital Mère-Enfant à Oulan Bator.
HÔPITAL DE TSETSERLEG
En 2010 René devait faire cette mission exploratoire. Mais au dernier moment, l’hôpital, débordé par l’organisation de cérémonies officielles, avait renoncé à le recevoir. La directrice de la santé de la région de Tsetserleg a cependant fait savoir en début d’été 2011 qu’elle souhaitait toujours notre aide.
Tsetserleg se trouve à 450 km à l’ouest de Oulan Bator. C’est la capitale d’une région où cohabitent éleveurs et cultivateurs. On y trouve aussi des mines de différentes natures. Depuis Oulan Bator, il y a une bonne route asphaltée (mais en réfection sur la fin du parcours sur un trentaine de kilomètres) et le trajet s’effectue dans la journée.
L’hôpital de Tsetserleg prend en charge la population de la région soit près de 100 000 habitants. Il a eu l’appui de l’ONG française Santé Sud pour élaborer un projet d’établissement. Dans ce projet il est mentionné l’amélioration du service d’ophtalmologie pour 2013-2014, mais le directeur nous indiqué qu’il n’ avait aucun budget ! Ceci nous a été confirmé par Madame Gandiimaa Riimaadai, chef de l’autorité de santé de la région.
Accompagnés de Onon, interprète, Chantal et Alain ont été accueillis par le Dr Munkhgerel, médecin ophtalmologiste de l’hôpital.
Pendant 2 jours Chantal a effectué environ 40 consultations avec le Dr Munkhgerel : traumatismes, abcès de cornée, glaucomes, trichiasis, larmoiements chez l’enfant... Plusieurs jeunes hommes avaient un oeil perdu après une chute ou un traumatisme direct (décollement de rétine suivi de cataracte), la prise en charge trop tardive ne permettant plus de récupérer la vision. Nous avons constaté aussi de nombreux cas de sécheresse oculaire, conjonctivite, ptérygions.
Nous avons vu plusieurs adolescentes équipées par un opticien d’Oulan Bator de lunettes de myope, alors qu’elles n’en avaient pas besoin et elles se plaignaient de maux de tête !
L’équipement de l’hôpital en matière d’ophtalmologie était très sommaire : il se résumait en une échelle de vision de loin, un ophtalmoscope à pile et une lampe à fente obsolète ne fournissant pas un éclairage suffisant pour un examen correct de l’oeil et avec laquelle il est impossible de mesurer la pression intra-oculaire car il n’y a pas de tonomètre. Il faut cependant y ajouter un microscope opératoire qui a été offert par le gouvernement en 2010, mais auquel il manque le moniteur pour que l’aide opératoire puisse visualiser le champ opératoire. De toutes façons le Dr Munkhgerel n’opère pratiquement pas car elle ne peut pas poser de diagnostic et qu’elle n’a ni la formation ni les instruments nécessaires.
Faute de matériel et de collyres, les enfants ne sont pas examinés correctement. La skiascopie manuelle au verre plan se fait avec une lampe de bureau tenue par l’infirmière !
Comme le Dr Munkhgerel ne peut pas faire de diagnostic précis, elle envoie quasiment toute sa pathologie à Oulan Bator.
Le Dr Munkhgerel a donc besoin de matériel et de formation. Elle a d’abord été ophtalmologiste dans la région d’Uvs puis pédiatre à l’hôpital de Tsetserleg avant d’être de nouveau ophtalmologiste lorsque le poste s’est libéré il y a 3 ans.
Lorsque le container est arrivé à Oulan Bator, nous avons décidé d’aider immédiatement le Dr Munkhgerel. René est donc retourné à Tsetserleg après le retour en France de Chantal pour convoyer et installer le matériel dont nous disposions :
Nous sommes attendus l’an prochain pour faire de la formation et compléter l’équipement.
HÔPITAL DES CHEMINS DE FER A OULAN BATOR
En 2010 nous avons fait une mission d’évaluation des besoins à l’hôpital des Chemins de Fer à Oulan Bator. Cet hôpital n’a pas le budget suffisant pour équiper le service d’ophtalmologie. Son directeur avait demandé notre aide.
Cet hôpital participe au service public mais est plus particulièrement chargé de la prise en charge des cheminots et de leur famille soit 50 000 personnes.
Son équipement en ophtalmologie était soit hors d’usage (microscope cassé en 2 depuis plusieurs années, ampoule de Lampe à fente grillée et impossible à trouver en Mongolie) soit obsolète.
Deux ophtalmologistes, le Dr Sukhee et le Dr Urgaa travaillent dans cet hôpital. Leur travail se réduisait à faire des examen d’acuité visuelle et du fond d’œil à l’ophtalmoscope. Si une anomalie ou une baisse de vue était découverte, le patient était adressé à l’hôpital N°1.
Le Dr Sukhee nous avait accompagnés en 2010 à Dalanzadgad pour suivre la formation que nous avions donnée là-bas. Elle avait payé son voyage et pris des congés pour cette formation. Ceci nous a convaincu de sa motivation.
Pour 2011 nous avions donc prévu de leur apporter du matériel et de faire de la formation.
Dès l’arrivée du container, nous leur avons livré et installé les différents instruments suivants :
Les Dr Sukhee et Urgaa nous ont déclaré qu’avec ce matériel elles étaient prêtes à travailler jour et nuit !
Ce fut un très grand plaisir pour nous que de voir ces ophtalmologistes heureuses de pouvoir enfin examiner et soigner leurs patients convenablement.
Durant la semaine nous avons travaillé avec elles : la formation s’est faite lors de l’examen de chaque patient en discutant du diagnostic et du traitement. De la formation théorique a également été dispensée. Nous avons été frappés par le nombre de glaucome très évolués qui se sont présentés à la consultation.
A la fin de la semaine, René a pu opérer une cataracte, le première dans cet hôpital depuis 2003, confirmant le bon fonctionnement du microscope opératoire.
Il manque encore quelques instruments et une formation théorique complémentaire reste nécessaire. Il sera donc utile de revenir en 2012.
Durant la semaine des journalistes de la chaine de télévision nationale MNB et de la presse écrites sont venus nous interviewer. Nous sommes passés au journal de 20h et notre message a été bien relayé : Actions Mongolie offre du matériel et forme les médecins pour les rendre autonomes.
par le Docteur René FRITSCH :
HÔPITAL D’ÖLGIY
Le 26 septembre, je décolle de UB pour un (trop) rapide séjour à Ölgiy pour rendre visite au Docteur Kuliza et à son service qui est le premier que nous ayons équipé, en 2004. Kuliza est très motivée dans son travail (de même le Docteur Erdenebileg de Dalanzadgad) depuis que nous les avons aidés, comme nous l’a confirmé Mme Lhagvadolgor que j’ai rencontrée à ensuite UB. Kuliza a en effet acheté de ses propres deniers et en faisant un emprunt (car l’hôpital ne fournit aucun budget pour l’achat de matériel) un microscope opératoire portable, un skiascope et un coagulasem pour un montant de plus de trois millions et demi de tugrits (2000 euros) !
Il y a quand même quelques petits problèmes : le siège d’examen électrique ne fonctionne plus, de même l’autoréfractomètre à cause de fusibles grillés (pas de rechange) mais aussi parce que l’écran vidéo ne s’éclaire plus.
Il faudra donc prévoir d’y revenir pour s’occuper de la maintenance du matériel.
Au cours de ce séjour j’ai opéré quelques cataractes qui posaient problème à Kuliza.
HÔPITAL MÈRE-ENFANT À OULAN BATOR
Pendant cette mission, j’ai fait plusieurs passages à l’hôpital Mère-Enfant : Mme Altankhuu qui est la chef de service est toujours très demandeuse de matériels, de soutien et de formation. Elle a publié un petit livre en mongol sur l’ophtalmo-pédiatrie : je lui en ai acheté deux pour Kuliza et Sukhee.
J’ai vu plusieurs enfants dont deux jeunes sœurs (Rosina 9 ans et Amina 12 ans) que j’avais opérées l’an dernier de cataractes congénitale d’un œil et dont les parents voulaient que je les opère du deuxième, ce qui fut fait quelques jours avant mon départ.
Lors de mes visites les années précédentes, j’avais noté que la prise en charge des strabismes était très sommaire et j’avais proposé de faire cette année, avant l’été, une mission axée sur ce sujet avec la collaboration d’une orthoptiste. Pour diverses raisons ceci n’a pas pu se faire et nous avons convenu de reprogrammer cette mission au mois de mai 2012.
Pour parfaire l’équipement de cet hôpital spécialisé dans les enfants, il faudrait prévoir un tonomètre pour l’examen des glaucomes congénitaux au bloc (Tonopen) et autoréfractomètre portable pour l’examen des petits (Retinomax).
Le programme Pour Actions Mongolie en ophtalmologie en 2012 est donc déjà bien chargé :
Mais ceci est plein de promesses, car comme à chacune de nos missions nous avons pu constater l’enthousiasme et la coopération dont font preuve nos confrères mongols, sans oublier nos interprètes, Erkegul, Solongo, Onon, toujours disponibles et souriantes. Cela nous encourage vivement à poursuivre nos actions dans ce pays si attachant.