Mission Altaï Vision 2005
Les docteurs René Fritsch et Jacques Garron, les deux chirurgiens ophtalmologistes de l’équipe, ont réalisé environ 470 consultations. De très nombreux patients n’avaient jamais consulté d’ophtalmologistes, la présence de médecins français dispensant des soins gratuits de grande qualité (consultation + traitement) les a incité à venir enfin à l’hôpital, dans certains cas bien trop tard pour conserver une acuité visuelle correcte.
Au niveau des opérations, 30 interventions (en grande majorité des cataractes) dont quelques unes ont été réalisées par le Docteur Kuliza, qui est maintenant opérationnelle pour ce type d’opérations.
415 consultations ont donné lieu à une saisie informatique qui a permis de dégager quelques tendances :
- En complément des opérations de la cataracte, la grande majorité des consultations sont provoquées par des conjonctivites résultant d’allergies, parfois chroniques et en général jamais prises en charge correctement par un traitement adapté.
- Nous avons enfin constaté la très mauvaise correction optique de tous les porteurs de lunettes : ils sont systématiquement sous corrigés et les femmes sont souvent atteintes de migraine. Les lunettes sont très souvent équipées des mêmes verres à droite et à gauche… Des nombreux enfants non corrigés sont en situation d’échec scolaire.
Grâce à notre action, l’équipement de l’hôpital a été en partie complété. Une lentille de Volk, un tonomètre oculaire, un FDT (équipement perfectionné dédié au diagnostic rapide du glaucome), des appareils à champ visuel et un Javal de qualité font que le service ophtalmo de l’hôpital d’Olgiy commence à avoir un équipement de base. Il n’a pas à rougir de la comparaison avec celui d’Ulaan Baatar, qui forme les futurs ophtalmologistes en Mongolie. Dans les 2 cas, il faut envisager d’équiper les deux services avec des appareils performants pour faire la réfraction des patients.
Enfin, grâce au don des laboratoires Théa, nous avons pu distribuer des collyres antibiotiques, collyres cicatrisants, et des anti-glaucomateux afin de préserver la vision des patients atteints de glaucome.
Dans la capitale Oulaan Baatar, nos ophtalmologistes ont réalisé des consultations et nous avons là aussi apporté un FDT ainsi que des kits permettant de réaliser des opérations de la cataracte. Malheureusement aucune opération n’a été possible car le bloc opératoire était en réfection. Mais la chirurgienne Mme Lkhavadolgor est très bien formée et autonome sur ce type d’opérations.
Mission Altaï Santé 2005
Notre ami Yves Prunier (médecin généraliste, urgentiste et médecin d’expédition) réalisait avec nous dans l’Altaï sa quatrième mission en Mongolie, à Olgiy pendant une semaine et dans les dispensaires de soum la semaine suivante (les soums sont les subdivisions administratives de l’aïmak (région)). Près de 400 consultations ont été effectuées en deux semaines.
Situation de l’hôpital d’Olgiy
282 personnes travaillent à l’hôpital d’Olgiy dont 60 médecins. Il y a 242 lits et 11 services de médecine : Pédiatrie, Neurologie, Gynéco, ORL (M. Sirjane), Stomato dentiste (Mme Lkhagvasuren), réanimation, digestif (Mme Aïjane Gastro entérologue et Arjakhin, chirurgien digestif), ophtalmo, accouchement, dermatologue, psychiatrie, cancérologie (M. Kabel). 800 opérations sont effectuées par an, dont une bonne moitié d’appendicites.
Les médecins sont pour la plupart relativement bien formés. Certains d’entre eux se sont montrés très intéressés par notre démarche et très demandeurs d’échanges dans leur domaine. Cette compétence et cette curiosité sont des points très encourageants, mais les moyens manquent. Les services sont sous équipés et parfois en régression compte tenu d’appareils en panne qui ne sont pas remplacés ou réparés. Les moyens manquent aussi pour fournir les médicaments, qui sont gratuits mais dont l’approvisionnement n’est pas assuré. Ils sont aussi globalement très en retard sur l’hygiène, l’aseptie et la maintenance. L’hôpital manque d’appareils d’analyse. Le diagnostic est donc difficile à faire, requerrant des qualités cliniques de haut niveau. Rappelons que nous sommes à 1600 km d’Ulaan Baatar, soit 4 jours de piste. Nous avons réalisé à Olgiy 151 consultations et une formation sur l’hypertension.
Situation des hôpitaux de soums
Nous avons visité trois soums : Tolboo, Deluun, Bulgan, à raison d’un jour et demi sur place pour chacun d’entre eux. Cette durée est insuffisante pour se faire un idée précise des compétences locales. Les locaux sont entre à peine corrects (Deluun) et neufs (Tolbo). Par contre les équipements sont dérisoires, nous n’avons pas exemple pas vu un seul dentiste en dehors d’Olgiy. Il faut donc pour les moins chanceux faire 8 heures de pistes (distance Bulgan Olgiy) pour se faire soigner une dent - d’où un recours très fréquent à l’arrachage. La seule ambition des hôpitaux de soum (pas toujours atteinte) étant de réaliser sur place appendicites et accouchements. Aucun hôpital ne dispose de 220 v en continu ou d’eau courante, mais tous ont un groupe électrogène.
En ce qui concerne les médicaments, seuls quelques standards de la pharmacopée mongole sont fournis gratuitement dans ces endroits très reculés, laissant la place à un commerce de substitution plutôt florissant.
Nos consultations (226 dans les soums) ont souvent concerné d’abord le personnel de l’hôpital, puis les instituteurs, puis les politiques. Au bout de 24 heures, l’information s’était suffisamment répandue pour que nous soyons sollicités par des cas plus graves. Les consultations ont été saisies sous excel, montrant une nette prédominance de “cadres” puis de chômeurs par rapport aux “nomades”, ce qui n’est pas représentatif de la population réelle de ces régions. Nous avons eu 71% de femmes et 29% d”hommes. Nous avons pu constater 10% d”hypertendus et le manque de soins dentaires et ophtalmos par exemple chez les enfants. Les domaines principaux sont la gastro (souvent bénins) la rhumato, la cardio. Il y a peu de cas infectieux en été, mais on sait qu”ils deviennent prépondérants en hiver. On note enfin une moyenne générale de 4,26 enfants par femme, en baisse dans les générations les plus récentes (6 à 7 enfants pour les 55 - 75 ans). Record : Densma, à Bulgan, a eu 13 enfants.
Grâce à Pharmacie Humanitaire Internationale et à l’aide de pharmacies lyonnaises, nous avons pu amener dans ces endroits reculés environ 13 kg de médicaments qui furent fort utiles.
Chaque soum est divisé en bags en général très vastes dans chacun desquels un “sous médecin” (sorte d’officier de santé) est responsable de soigner la population. Il est équipé d’une moto, mais très rarement d’un stétoscope ou d’un brassard à tension, équipements pourtant basiques.
Accueil des Mongols
Notre implantation dans la région est ancienne (une mission préparatoire a eu lieu en 2002). Cette année cependant, nous étions pour la première fois reconnus et attendus (articles dans la presse avant notre arrivée). La région nous soutient tant au niveau du gouverneur (équivalent du préfet de région, nommé en 2004 par le gouvernement) que du speaker (équivalent du Président du Conseil régional, élu en 2004).
Ce soutien se traduit depuis cette année par la prise en charge par la région de notre logement, de notre nourriture, de nos transports intra-régionaux, et par la rédaction en commun d’une convention de travail annuelle.
Dans les soums, où personne n’était prévenu de notre arrivée, l’accueil a été excellent